le vendredi 30 mai 2008

Algues: trois ans pour s’ajuster

Saguenay adopte la manière douce pour convaincre les riverains

LAC-KÉNOGAMI – Saguenay utilise la manière douce pour amener les riverains à respecter les règlements afin d’enrayer les algues bleu-vert.

Dévoilé en conférence de presse hier, le plan d’action de la ville contre les cyanobactéries mise sur la sensibilisation plutôt que sur la contrainte. « Le plan se fera dans un premier temps sur une base volontaire, même si nous avons toutes les lois pour obliger les propriétaires à se conformer », a mentionné Paul-Roger Cantin, responsable du groupe de travail sur les algues bleu-vert à Saguenay.

Trois ans

La ville donne trois ans aux riverains de tout le territoire pour rendre conformes les terrains en bordure de l’eau. Pour les motiver, Saguenay distribuera gratuitement près de 100 000 arbres et arbustes. Les sections dépourvues d’arbres doivent être reboisées pour éviter l’érosion et garder les nutriments dans le sol. Dès le début de l’été, neuf experts de la ville rencontreront les riverains à risque pour leur distribuer une trousse informative et leur offrir un support technique. La ville compte rejoindre les quelque 6200 propriétés riveraines qui se trouvent sur son territoire. De son côté, la municipalité reboisera certains secteurs lui appartenant.

Toutefois, cet été, les inspecteurs municipaux donneront des amendes aux propriétaires qui déboisent à l’intérieur d’une bande de 10 à 15 mètres située en bordure des cours d’eau. Il sera également interdit de tondre ou d’épandre de l’engrais sur ces bandes. Pour l’instant, les amendes, qui peuvent aller jusqu’à 300 $, varient d’un arrondissement à l’autre, mais la Ville compte uniformiser le tout dans les prochaines années. La vidange non conforme des bateaux et des fosses septiques sera aussi surveillée davantage.

La grande majorité des propriétés ne sont pas conformes au règlement provincial sur les bandes riveraines. « Chacun doit prendre conscience que c’est un privilège que d’être établi au bord d’un lac. Les propriétaires se doivent donc de respecter les règlements », a mentionné le président de l’Association pour la protection du lac Kénogami, Claude Collard. Les responsables de la ville misent sur l’effet d’entraînement entre voisins pour renverser la tendance actuelle.

Selon Sylvain Hovington, chef d’équipe d’inspection des permis pour l’arrondissement de Jonquière, le suivi de la réglementation fonctionne beaucoup par dénonciation. La ville dispose d’une trentaine d’inspecteurs pour effectuer des relevés au moyen de photos et appliquer la réglementation. « Nous espérons que ceux qui ne se conforment pas deviennent la minorité », révèle-t-il.

Le plan représente des dépenses de 250 000 $, dont près de 50 000 $ proviennent des contribuables de Saguenay. Le reste provient surtout de programmes gouvernementaux et des entreprises forestières.

Les prises d’eau

Saguenay puise la majorité de son eau potable dans le lac Kénogami, ainsi que dans les rivières Chicoutimi et aux-Sables. Les secteurs à proximité des prises d’eau seront donc surveillés en priorité, notamment par la prise d’échantillons et une lecture d’opacité de l’eau.

L’été dernier, la région a connu 14 mises en garde reliées aux algues bleu-vert, lesquelles ont touché 11 cours d’eau, dont deux à Saguenay.