le mercredi 14 février 2018

BlackRock: la rivière Chicoutimi proposée

Saguenay a présenté une nouvelle solution pour approvisionner en eau de procédé la future usine de Métaux BlackRock, mardi soir. L’idée serait d’installer une prise d’eau à même la rivière Chicoutimi dans le secteur de Pont-Arnaud pour la diriger vers le site industrialo-portuaire de Grande-Anse.

Cette solution présenterait l’avantage de préserver l’aquifère de Laterrière dont on pomperait l’eau potable de bonne qualité uniquement pour la distribution à des fins domestiques pour les résidants du secteur de la base de Bagotville.

Environ 140 personnes se sont présentées au point de service de Laterrière et ont répondu à l’invitation de la mairesse Josée Néron et du conseiller Michel Potvin. Ils souhaitaient présenter le projet, mais surtout entendre les citoyens sur la possibilité de pomper l’eau de la nappe phréatique du secteur du chemin Saint-Isidore pour l’utilisation à des fins industrielles tel que le propose la firme Cegertec.

Après avoir effectué un survol des solutions techniques envisagées tel que présenté dans notre édition du 22 janvier dernier, Mme Néron, qui était accompagnée de Luc Côté, directeur du Service du génie de Saguenay, et Claude Bouchard, directeur du développement industriel à Promotion Saguenay, a affirmé que le projet a évolué afin de répondre à certaines préoccupations de la population. Selon le scénario présenté, les 800 mètres cubes d’eau à l’heure nécessaires pour l’approvisionnement en eau de procédé pour Grande-Anse pourraient être puisés potentiellement à même la rivière Chicoutimi qui, en moyenne, a un débit de 30 000 mètres cubes/heure, soit environ 5 % du volume d’eau qui s’écoule.

Pour ce qui est de la nappe phréatique de Laterrière, l’intention de Saguenay est de puiser éventuellement 900 m.c./heure pour l’utilisation à des fins domestiques. Le conseiller Potvin a expliqué que les résidants autour de la base de Bagotville font face à des problèmes d’eau dure en plus du fait que tous les deux ou trois ans, Saguenay doit creuser à grands frais de nouveaux puits pour desservir ce secteur.

Les citoyens présents ont pu assister à une courte présentation de l’hydrogéologue Simon Bouchand, de la firme Englobe, qui a dressé un portrait de l’aquifère de Laterrière en la décrivant comme étant l’une des plus importantes au Québec en raison de sa longueur et de sa profondeur qui va jusqu’à 60 mètres (profondeur). Selon les études réalisées en 2012, cette nappe phréatique est alimentée fortement en eau de pluie et par l’écoulement des eaux provenant du bassin versant de la réserve faunique des Laurentides et peut-être même par le lac Kénogami et la rivière Chicoutimi. M. Bouchand a expliqué qu’en 2012, dans le cadre de l’étude effectuée par SNC-Lavalin, un total de 25 jours de pompage ont été effectués dans la nappe et les calculs ont révélé qu’à 800 m.c./heure, il n’y aurait jamais de pénurie.

Inquiétudes

La période de questions réservée au public a démontré que beaucoup de Laterrois s’inquiètent de la mise en exploitation éventuelle de l’aquifère constituée « d’eau potable de très bonne qualité pour laver de la roche de la minière Métaux BlackRock », selon l’expression utilisée.

Plusieurs citoyens sont intervenus au micro pour faire ressortir les problèmes d’approvisionnement eu eau potable qu’ils connaissent. Dans les secteurs des portages nord et sud, ils sont nombreux à connaître des problèmes en raison de la présence d’une eau ferreuse et puante dans leur puits résidentiel creusé à même le socle rocheux.

Des citoyens craignent que l’exploitation de l’aquifère sur une longue période de 25 ans ait pour conséquence d’abaisser le niveau de la nappe phréatique et de leur puits.

Certains ont rappelé que la nappe phréatique fait partie intégrante de l’environnement et qu’il est nécessaire de préserver cette ressource importante pour les générations futures. D’autres ont même remis en question la pertinence de construire une usine de transformation de minerais à Grande-Anse tandis que d’autres ont suggéré d’approvisionner l’usine à même le Saguenay en raison de la présence d’une couche d’eau non saline.

À la fin de l’assemblée, la mairesse Néron s’est montrée satisfaite de ce qu’elle a entendu tout en soulignant que Saguenay devait trouver des solutions acceptables pour tout le monde pour approvisionner en eau le site de Grande-Anse. « Toute cette démarche a fait ressortir une nouvelle problématique qui est celle de l’approvisionnement des portages nord et sud. »

Saguenay entend poursuivre ses analyses dans ce dossier.